Au collège Louise Michel, des slams et des singes contre le harcèlement scolaire
À Lille Sud, le collège Louise Michel a entrepris un projet ambitieux de lutte contre le harcèlement scolaire en mobilisant autour des élèves une équipe hétéroclite et engagée.
« On écrit le harcèlement ou l’harcèlement ? » Un gentil brouhaha règne ce midi dans une des salles du collège Louise Michel, à Lille Sud. D’un côté, on corrige les fautes des textes de slam écrit par certains élèves. De l’autre, on les recopie au propre. Aujourd’hui comme tous les lundis après le repas, ce petit groupe se retrouve pour construire son projet : lutter contre le harcèlement à l’école. Un phénomène qui n’a rien de nouveau mais dont les formes changent et se multiplient, surtout via Facebook. Les cas de suicide de certains élèves en France, parfois excessivement médiatisés au détriment des équipes enseignantes, ont alerté sur un problème que les établissements doivent désormais prendre en charge. Thibaud, élève de 5ème, travaille dans une autre salle avec M. Saïm, son prof de technologie. C’est lui qui a lancé l’idée de ce club après avoir été victime de harcèlement. « On fait ça pour le collège. On a eu l’idée de faire un arbre où on accrocherait des lois ». Une structure aujourd’hui achevée et qui sera présentée aux futurs 6ème le 12 juin, lors d’une inauguration qui aura tout d’officiel. Les élèves impliqués dans l’aventure se verront remettre un « diplôme de l’engagement et de la citoyenneté ».
Écoutez ci-dessous le reportage radio de Camille « Du slam contre le harcèlement scolaire » :
Volontaire pour les uns, imposé à d’autres, l’atelier vise aussi à recréer une dynamique de groupe autour de l’empathie. Concrètement ? Que dans la cour, à la cantine ou en classe, des témoins passifs du harcèlement deviennent actifs, et donc en parlent. Des témoins qui craignent aussi d’être traités de balance…Un équilibre difficile à tenir, et face auquel les professeurs ne sont pas seuls à Louise Michel. Car c’est toute une équipe qui s’est mobilisée autour des élèves : les infirmières, l’association intercommunale d’aide aux victimes (AIAV), les bénévoles de l’association « Au fil de l’eau », et même une juriste, Dalila Dendouga, également adjointe au maire pour les droits de l’homme et la lutte contre les discriminations. Des acteurs dont les différentes expériences s’enrichissent, « pour être un collège du respect », conclut la CPE Valérie Léperon, qui avoue se mettre de plus en plus en retrait du projet pour laisser faire ses élèves.
POUR ALLER PLUS LOIN :
À la rentrée, une expérimentation sera lancée dans 30 établissements français pour lutter contre la violence, le harcèlement et le décrochage en milieu scolaire. C’est le projet ADHERE (Action contre le Décrochage et le Harcèlement : Éducation et Régulation par l’Environnement), auquel le collège Louise Michel participera, et qui sera encadré par le chercheur roubaisien Éric Debarbieux, désormais délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. Avec le centre social Léo Lagrange, le collège souhaite aussi lancer un projet à l’international, où les élèves pourraient rencontrer leurs camarades européens pour discuter de ces sujets.