
Après le théâtre de la Tempête et le théâtre Dunois à Paris, Amandine Lesage a posé ses valises à Villeneuve d’Ascq au service relations publiques. Sa mission ? Ouvrir le monde du théâtre aux spectateurs de tous horizons.
« La majorité des habitants d’en face n’ont jamais mis les pieds dans le hall de La Rose de Vents » constate Amandine Lesage. Avec ses immenses baies vitrées aux allures d’aquarium et sa façade aux cercles dessinés, la Rose des Vents, située au coeur du quartier de l’Hôtel de ville, a l’aspect d’un petit théâtre de quartier malgré sa programmation exigeante et sa popularité à l’échelle nationale.
Pourtant, dans ce coin de banlieue typique, coincée entre l’épicier du coin et la bibliothèque, la Rose des Vents ne bénéficie pas du passage des étudiants et lycéens qui le traversent tous les jours. Amandine, aidée de ses collègues Bertille et Anna, œuvrent à inciter un maximum de personnes à franchir les portes du théâtre, même celles qui ne se sentent pas forcement concernées. Elles se partagent donc les différents publics, des groupes scolaires aux spectateurs individuels.
Bureau bien décoré, branché pop art, affiches colorées sur les murs, pas de portes fermées entre la responsable et l’open space où elle travaille. Un rayon de soleil tombe en diagonale sur le bureau quant un homme passe la tête depuis le hall en lançant un sonore « Salut les filles ! » « C’est un metteur un scène gentil comme tout », confie Amandine entre deux sonneries de téléphone, une lueur dans ses yeux turquoise d’enfant sage.
Pour Amandine, les gens ont tendance à se mettre leurs propres barrières, ce qui les empêche d’accéder à ce type de culture, jugée élitiste.
« Certains n’ont pas l’impression que ce lieu est fait pour eux, explique-t-elle, beaucoup s’imaginent que le théâtre appartient aux gens riches, distingués, cultivés. »
Elle-même ne baignait pas dans le milieu théâtral avant d’y être initiée par sa professeure de français à l’âge de 15 ans. Après une licence de langues, elle s’est réorientée vers des études théâtrales sur les conseils d’un ami. La nécessité du partage dans la sphère culturelle lui est donc précieuse.
Entre travail au bureau et sur le terrain, être médiatrice culturelle n’est pas de tout repos. Grâce à sa persévérance, sa volonté sans faille et son sourire quotidien, Amandine réussit à surmonter les obstacles et à faire aimer le théâtre au-delà des préjugés qui l’entourent.
Selon les thématiques des spectacles programmés, les qualités des metteurs en scène, elle réfléchit à des publics susceptibles d’être intéressés. Soit des habitués prêts à suivre la compagnie tout au long de la saison, qu’elle cherche à « surprendre ou à orienter vers des pièces plus complexes ». Soit de nouveaux publics, qu’elle espère conquérir. Elle leur propose alors des actions culturelles « sur mesure, ponctuelles ou prolongées, autour de la danse, du théâtre ou de l’écriture ».
Avant de répondre à ses sollicitations, les gens doivent d’abord se sentir confiants et en bonne compagnie :
« Je dois me déplacer dans un environnement qu’ils connaissent, chez eux ou dans leur centre social. Parfois, je vais même jusqu’à manger la soupe ! »
Une fois le lien créé, elle peut alors organiser des visites du théâtre, des ateliers et des rencontres entre les artistes et le public. Elle apprend à connaître ces spectateurs en herbe pour pouvoir assurer un suivi, éveiller leur curiosité et leur proposer de nouveaux projets pour qu’ils continuent à venir au théâtre, que ce soit le temps d’une saison ou même de plusieurs années.
Le parcours n’est pas toujours fluide et Amandine a vécu quelques péripéties. Un jour, un petit groupe de femmes s’est enfin décidé à venir à La Rose des Vents, malheureusement pas le bon soir.
« C’était une pièce assez dure, avec de la nudité… Elles ont été complètement traumatisées et ne sont pas revenues au théâtre pendant au moins deux ans ! ».
Mais Amandine n’est pas du genre à rester sur un échec et s’accroche, jusqu’à reprendre contact.
Pour l’heure, la jeune femme fait ses armes. Mais d’ici quelques années, elle se verrait bien devenir responsable du service.
Zoé Frimat