Au Fresnoy, sciences et arts se rencontrent, pour ouvrir de nouveaux horizons
Dans son exposition Poétique des sciences, le Fresnoy s’intéressait récemment à ce que peut produire la rencontre de l’art contemporain et de la science. Oscar et Maël, l’un étudiant en Carrière sociale, l’autre en graphisme, se sont livrés pour Quartiers en Nord à une brève exploration de l’œuvre des quatre « artistes alchimistes » invités.
Pour la commissaire Pascale Pronnier, le processus joue un rôle primordial : les œuvres sélectionnées pour l’exposition Poétique des sciences ne prennent vie que sous le regard du spectateur, dont l’œil va tenter de capter les infimes évolutions des performances proposées.
« Dans leurs installations, ces artistes révèlent des phénomènes physiques invisibles. Ils capturent des énergies habitant le monde que nous ne voyons pas. »
Les artistes développent ces concepts au fil de variations inédites, où ils questionnent la représentation de la nature ou du paysage sous toutes leurs dimensions palpables et impalpables : le son, la lumière, la température, l’humidité, mais aussi à l’empreinte du temps sur la matière.
Réactions chimiques pour des couleurs vivantes
Hicham Berrada, ancien étudiant du Fresnoy, y expose notamment « Présage », une suite de « Jardins chimiques » où il associe dans un bécher différents produits dont la réaction donne naissance à des formes et des couleurs qui semblent vivantes.
« J’essaie de maîtriser des phénomènes que je fixe comme un peintre maîtrise ces outils et médiums. Mes pinceaux et pigments seraient le chaud, le froid, le magnétisme, la lumière. »
Edith Dekyndt, elle, s’attache depuis la fin des années 80 à révéler l’invisible avec une approche singulière et minimale. Pour ce faire, elle n’hésite pas à s’entourer de scientifiques ou de praticiens plus ésotériques… En l’occurrence, un radiesthésiste, dont le procédé divinatoire repose sur la croyance selon laquelle les êtres vivants seraient sensibles à certaines radiations qui influeraient sur leurs sens. Les spectateurs sont ainsi invités à se laisser prendre à ce jeu étrange à travers son installation lumineuse changeante « Radiesthesic Hall », qui occupe ici la totalité de l’espace d’exposition.
Réactiver le passé houiller du Nord de la France
Les artistes nord-américains Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson, qui complètent cette affiche surprenante, travaillent quant à eux en duo depuis 1998. Pour réaliser leur œuvre « Fossil record », ils ont réalisé des images photographiques sans appareil photo. Durant leur résidence à la fondation Pinault à Lens, les artistes ont extrait des fossiles carbonifères trouvés chaque jours durant leur activités de jardinage, qu’ils ont ensuite écrasés entre deux plaques de verre. Cette œuvre réactive le passé houiller du Nord de la France, en montrant aux spectateurs ces morceaux de charbon que les ouvriers miniers de la région se sont efforcés d’arracher au sol trois siècles durant.